Les 10 erreurs fatales des projets innovants en santé.

Difficile de résister à la tentation de foncer tête baissée, nourrie par l'enthousiasme fort des débuts. Comment ne pas gaspiller ce capital énergétique pour innover efficacement dès le début de votre projet ? Nous vous livrons les 10 écueils à éviter... et un bonus à la fin de l'article !

1. Oublier d'impliquer des personnes clé

Si vous vous lancez dans un projet, assurez-vous rapidement d'avoir l'aval des décisionnaires financiers qui pèseront dans votre balance. Vous pourriez risquer de travailler dur sur le développement d'un projet qui sera finalement refusé. En outre, et c'est particulièrement vrai dans le domaine de la santé, entourez-vous d'un large panel d'experts dans votre projet. Et ne vous concentrez pas que sur les compétences médicales des professionnels de santé : elles sont certes indispensables, mais si vous développez une application, vous ne pourrez pas vous passer d'un·e DSI qui s'assurera de l'interopérabilité des données de votre solution.

2. Tomber amoureux de sa première idée

Partir bille en tête après avoir eu une idée géniale sous la douche ? Mauvaise idée au demeurant. Beaucoup d'applications de e-santé débarquent à l'hôpital sans être opérationnelles sur la sécurité ou l'interopérabilité des données. Par exemple, dans un service de SSR gériatrique, on imagine difficilement une solution qui n'implique à aucun moment du parcours les aidants familiaux, qui sont omniprésents autour des personnes en perte d'autonomie. Pour générer des idées géniales et adaptées, rien ne vaut une bonne séance d'idéation ! On vous en donne la recette dans un prochain article.

3. Ne pas faire d'étude terrain

L'histoire de l'idée géniale sous la douche est une histoire dont il est peu probable qu'elle termine bien. Votre projet sera vraiment pertinent et impactant si vous êtes certain·e de répondre à un besoin réel. C'est pour cette raison que dans chacune de nos missions, qu'il s'agisse de conseil ou de créathons, nous réalisons une immersion sur le terrain pour identifier les besoins auprès de nos cibles.

4. Faire une étude terrain, mais en oubliant les cibles

Inès Gravey en parle mieux que nous dans notre podcast Les Transformateurs :
" Sur le sujet de l'attractivité et la fidélisation, qui est le serpent de mer des hôpitaux aujourd'hui, quand j'ai demandé aux organisations si elles avaient interrogé les personnes qui partaient, elles m'ont répondu : "Ah... non. Pourtant, ça fait un an qu'on interviewe tous les experts, qu'on a lu tous les rapports..." C'est révélateur de notre culture du travail : sur un sujet donné, on va commencer par lire le rapport de la FHF ou d'une agence de l'État - et ils sont souvent très bien faits ! Plutôt que d'aller à la rencontre des premiers concernés."
Il est également à noter que les cibles d'interview ne sont pas toutes des cibles du produit final que l'on veut mettre en place. Si vous mettez en place un projet pour des patients, n'interviewez pas que des patients : rencontrez aussi des aidants, des professionnels de santé, du personnel hospitalier... L'environnement d'une cible fait intrinsèquement partie de la solution.

5. Mal cadrer la problématique

L'idéation est une étape qui libère et démultiplie la créativité : c'est pour ça que tout le monde l'adore. Mais avant, il y a une étape non moins importante : la définition d'une problématique.Pour être ni trop large, ni trop étroite, il faut surtout segmenter sa cible. Mieux vaut qu'elle soit trop petite dans un premier temps. Ensuite, une fois développée, la solution pourra être étendue à d'autres utilisateurs. Mais aucune solution n'est universelle, et si on veut qu'elle ait de l'impact, il faut qu'elle soit vraiment sur-mesure.Une formule assez sommaire peut aider à esquisser une problématique : [cible] a besoin de [besoin] pour [problème à résoudre].
Lors du créathon de 2021, cela a pu donner des problématiques comme celle-ci :
Comment pourrions-nous aider la patiente à rassembler son récit personnel afin de soutenir la démarche d’obtention du titre de séjour ?
Pour en savoir plus sur le projet l'Amazone, c'est par ici !

6. Étudier trop grossièrement la concurrence

Ne vous concentrez pas que sur votre concurrence directe. Imaginons que vous développiez un outil de suivi pour des patients souffrant d'insuffisance cardiaque. Vos concurrents indirects peuvent être des services téléphoniques qui proposent également un suivi. 
Poussons même le vice plus loin : vos concurrents les plus redoutables sont peut-être un vulgaire bout de papier et un crayon, sur lesquels les patients notent déjà leurs variations de poids pour alerter leur médecin traitant en cas de besoin. Ratissez large, et réfléchissez à tous les usages qui pourraient se substituer à votre solution. Imaginez aussi votre positionnement en termes de coût : si vous proposez votre solution face à un concurrent, qu'est-ce qui vous différenciera de lui pour de potentiels utilisateurs ?

7. Se limiter à un benchmark sur une aire thérapeutique

Il peut être intéressant d'aller voir d'autres aires thérapeutiques pour s'en inspirer, notamment si on est une start-up et qu'on veut avoir un business model derrière. Pour un objet connecté et lié à une application dans le cadre d'une incontinence, demandez-vous quels sont les business models qui fonctionnent pour l'aire thérapeutique du sommeil, par exemple.

8. Partir tête baissée dans le développement

Vous êtes visionnaire : tant mieux. Vous voulez une appli, vous engagez des développeurs qui coderont tout pour vous et vous sortez votre chéquier. Vous lancez votre application. 
Et là, ça fait flop. 
Les utilisateurs sont déçus, et vous avez utilisé tout votre budget. Vous n'avez plus qu'à fermer boutique. C'est pour cela que vous devez impérativement commencer par un prototype : une version minimaliste de votre solution, qui testera sa pertinence. Pour envoyer du contenu à des utilisateurs, par exemple, avant de le faire sur l'application que vous souhaitez développer, testez une newsletter en premier lieu. Autant que vous le pouvez, retournez sur le terrain pour ajuster votre solution main dans la main avec votre cible.

9. Être trop ambitieux en termes de tech plutôt qu'en impact

On vous a sûrement déjà parlé de Doug Dietz. Si vous ne connaissez pas son histoire, rendez-vous ici !
Autre exemple : pendant la crise Covid, des milliers de Français ont désiré se rendre utiles auprès des hôpitaux et des soignants saturés. Pour les mobiliser, valait-il mieux développer une plateforme de A à Z pour créer un projet innovant, ou en utiliser une existante pour capitaliser dessus, être rapidement efficace et avoir plus d'impact ? La question est un peu orientée, certes. Mais vous voyez le tableau 😉 L'histoire qui se cache derrière, c'est celle du Slack des volontaires développée par Aude pendant la crise : plutôt que de développer une nouvelle plateforme, elle a détourné la plateforme Slack pour en faire une plateforme de recrutement efficace, qui a rapidement réuni 20 000 volontaires pendant 4 mois.

10. Avoir peur de désobéir

Clémence Mainpin le raconte dans Les Transformateurs : pour créer Hospitalents avec Inès Gravey, elle a désobéi au Ministère des Solidarités et de la Santé, auquel elle travaillait. Pour elle, mieux vaut demander pardon que permission. Et lorsqu'elle a dévoilé son projet, il a rencontré un succès fou ! Il s'agit d'Hospitalents, une communauté d'innovation réunissant des professionnels de santé désireux de se lancer dans l'intrapreneuriat.
Chez Lowpital, nous croyons aussi que le meilleur moyen de désobéir, c'est d'ignorer les règles. C'est pour cette raison que dans nos créathons, nous envoyons sur le terrain des personnes qui sont éloignées du monde du soin. Ils ont le pouvoir de l'ignorance : celui d'observer un environnement complexe avec un regard neuf. Pour découvrir le talk "Le pouvoir de l'ignorance", c'est par ici que ça se passe !


Ces 10 principes, ce sont ceux que nous utilisons dans tous nos accompagnements : nous vous aidons à vous les approprier pour concrétiser vos projets grâce au design thinking.

18 octobre 2021