Investir dans une culture de la santé publique en France.

Le 15 septembre 2021, le groupe Les Échos Le Parisien Événements a organisé le Forum Santé 2025. À cette occasion, Aude a échangé sur le sujet de la santé publique lors d'une table-ronde animée par Philippe Leduc et dédiée au sujet ,en présence de Franck Chauvin, président du Haut Conseil en Santé Publique; Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid, et le Dr Luc Duquesnel, médecin généraliste. Retour sur leurs propos.

La santé publique : un système bien orchestré ?

Franck Chauvin l'a expliqué en introduction : la santé publique est organisée de façon triangulaire. Il y a d'un côté les politiques, qui prennent des décisions : ils forment le "chef d'orchestre" de la santé publique. Les scientifiques, eux, apportent une aide à la prise de décisions. Et puis, il y a la population. Toutefois, comme l'a alors souligné Aude, certains individus parmi elle n'ont pas la partition pour jouer dans ledit orchestre. Des écarts de perception de la santé persistent entre la population et les décideurs. Il faut donc rendre la santé publique plus participative : le chef d'orchestre est là pour faire en sorte que les musiciens jouent ensemble.

Comment rendre la santé publique participative ?

Lorsque Philippe Leduc a interpellé Aude en indiquant que le fait d'écouter et de faire confiance aux citoyens, elle a objecté en réaffirmant les convictions que nous portons chez Lowpital. Les sphères de décision ont souvent une présomption de défiance envers les citoyens. Par crainte d'éventuelles demande de contrepartie, elles se demandent quel risque elles prennent à les laisser participer. Mais quel risque prend-on à ne pas les laisser participer ? À côté de quoi passe-t-on quand on refuse les idées et les propositions qui peuvent venir, de personnes qui n'appartiennent pas à des grandes organisations mais qui proposent des choses pour leurs communautés ? C'est sur l'écoute et la confiance qu'il faut s'appuyer pour construire la culture de la santé publique de demain, a-t-elle affirmé.

Une approche curative à déconstruire.

En France, nous avons une approche curative de la santé. C'est-à-dire que "notre système de santé est essentiellement un système de soins et a donc quelque part un intérêt à ce qu'il y ait de plus en plus de malades", pour reprendre le propos de Franck Chauvin. Et ça, c'est une vision à déconstruire. Comme il l'expose alors, le système de santé ne contribue qu'à hauteur de 20% à la santé d'une population : les 80% restants sont constitués de politiques "qui n'ont rien à voir avec la santé". Et comme le poursuit alors le Dr Luc Duquesnel, il est nécessaire de mobiliser tous les acteurs d'un territoire pour changer de culture dans la santé publique.

Mobiliser tous les acteurs d'un territoire.

Le Dr Duquesnel milite pour accroître la formation des professionnels de santé à la prévention, point largement appuyé par Jean-François Delfraissy. Il propose également de mettre en place des consultations de prévention, par exemple pour des consultations de "pré-conception", pour sensibiliser à l'impact de l'alimentation et du mode de vie sur la fertilité, la grossesse et la santé du foetus. Il exhorte également à accélérer la création de Communautés Professionnelles Territoriales de Santé pour augmenter la prise en charge collective (sanitaire, sociale & médicale) de la population. Et à l'instar des programmations dans la sphère militaire, il préconise enfin de prévoir une loi de programmation pluriannuelle de la santé publique. Franck Chauvin conclut d'ailleurs plus tard son propos en ce sens : "Il faut arrêter de penser que la santé d'une population c'est une dépense, que la santé est une charge, mais penser que la santé d'une population est son plus précieux capital."

Co-construire la santé publique : une utopie ?

Il faut ancrer une démarche participative dans le système de santé. Cela passe par l'amélioration du pouvoir d'agir des citoyens, ce qui repose sur 4 piliers défendus par Aude : ● L'amélioration de l'accès à l'informationElle souligne en effet le constat que tous les jeunes connaissent par cœur le slogan "manger 5 fruits et légumes par jour". Pour autant, ils ne savent pas définir ce qu'est une alimentation saine. Le rapport à l'information doit changer. En outre, la rapidité à laquelle évoluent les tendances sur les réseaux sociaux contraste avec la durée de vie des campagnes et dispositifs de santé préventive. La santé publique doit s'adapter à la rapidité avec laquelle la population consomme l'information.● Des outils d'autodiagnostic performantsBeaucoup ignorent comment connaître leurs besoins. Comment savoir ce dont j'ai besoin pour être en meilleure santé ? Des outils tels que le violentomètre gagneraient à être diffusés auprès du public pour mieux s'auto-évaluer. Comment savoir ce dont mes proches ont besoin, en matière de harcèlement par exemple ? Il peut être difficile pour des parents de situer la limite entre moqueries et harcèlement, et donc d'évaluer la santé mentale de leur enfant.  Un changement culturel sur certaines thématiques de santéCertains proviseurs s'opposent à ce que l'infirmière scolaire dispose de la pilule du lendemain, de crainte que cela n'encourage les jeunes à avoir des relations sexuelles. Il faut pourtant lutter contre ce stéréotype et investir dans une culture qui incite les jeunes à avoir des comportements sexuels responsables, plutôt que de freiner tout comportement sexuel dans l'absolu. Un appui des initiatives prises par les citoyens engagés quel que soit leur profil, et quelles que soient les organisations auxquelles ils appartiennent.L'écoute et la confiance peuvent sembler des démarches peu originales, mais elle ont tout de novateur puisqu'elles ne constituent pas les fondements des politiques de santé publique aujourd'hui.

Faire confiance aux citoyens : une démarche vertueuse.

Dans sa conclusion, Aude rappelle que la co-construction, différente de la simple consultation, repose sur 3 piliers essentiels :● Réaliser systématiquement une étude de terrain détaillée avant de lancer une campagne ou un dispositif ;● Consulter en continu les usagers pour recueillir leurs retours lors du déploiement pour ajuster en fonction ;● Être réceptif aux propositions des citoyens quels que soient leur profil et quelle que soit la portée des organisations à laquelle ils appartiennent.
Ce sont des principes que nous défendons au cœur de toutes nos missions chez Lowpital. Si vous aussi, vous voulez rendre la santé plus participative, contactez-nous 😉

16 septembre 2021