Ignorance, désobéissance : des compétences-clé pour conduire au changement.

Polytechnicienne diplômée et passionnée de santé, Aude a quitté le monde de la recherche pour intégrer le milieu hospitalier. Convaincue que le sentiment d'illégitimité freinait beaucoup de personnes pour agir en faveur de l'intérêt général, elle a alors mis le pied dans la porte de l'hôpital pour y inviter des personnes tout aussi ignorantes qu'elle en matière de santé. Pendant la crise Covid, elle a ainsi mobilisé 20 000 volontaires pour venir en aide aux hôpitaux de Paris.

Qui est légitime pour changer le monde ?

Si on vous posait la question, vous répondriez sans nul doute que non, vous n'êtes pas légitime pour changer le monde. Pourtant, vous vous sentez sûrement concerné par les sujets d'intérêt général, la santé pour ne citer qu'un exemple. Mais lorsqu'il est l'heure d'agir, vous ne vous sentez pas légitime et laissez la place à des experts qualifiés : médecins, chercheurs, soignants, directeurs d'hôpitaux... Du haut de votre expérience personnelle, si vous trouviez par exemple que le système de santé n'était pas assez efficace, pourriez-vous agir ?
"Moi, je crois que oui", répond Aude du haut de ses 29 ans.

J'aimerais bien aider, mais je n'y connais rien.

Peut-être que, comme beaucoup d'autres, vous vous dites : "J'aimerais bien me rendre utile... mais je ne me sens pas légitime pour le faire ! Je ne sais pas ce que je pourrais proposer aux hôpitaux !". 
Au-delà de ce qui apparaît comme un syndrome de l'imposteur, une vraie question se pose : comment aider des personnes à résoudre leurs problèmes quand je les ignore ?
Il y a 5 ans, Aude se posait la même question : comment aider les hôpitaux ? Alors, elle a réuni un groupe de personnes ne venant pas du monde du soin, et elle a convaincu des hôpitaux de leur ouvrir leurs portes. Le marché était le suivant : un binôme de personnes extérieures est accueilli par le service, qui les laisse observer et poser des questions aux patients et aux soignants qui le veulent bien pendant quelques jours ; en échange, ce binôme s'engage à rédiger un rapport d'étonnement, résumant les observations effectuées et les retours recueillis. C'est la naissance des créathons.
Plus tard, au siège de l'AP-HP, au plus fort de la crise covid, elle mobilise plus de 20 000 personnes pour venir mettre leur expérience et leurs capacités personnelles au service des hôpitaux, sans qu'ils soient issus du monde du soin. Sa manière à elle de mettre le pied dans la porte, et de la tenir ouverte pour les autres.

Et la désobéissance dans tout ça ?

Aude le reconnaît : en montant ce système de mobilisation, elle a pris d'énormes risques en montant cette plateforme en quelques jours seulement, en désobéissant à sa hiérarchie. Mais pour elle, le bénéfice était bien plus important que le risque pris. Que se serait-il passé si elle avait fait entrer un fauteur de trouble à l'hôpital ? Elle ne le sait pas. 
Que se serait-il passé si l'hôpital n'avait pas pu compter sur ces 20 000 personnes de renfort non-soignant ? Elle ne le sait pas non plus... mais elle en a une petite idée.
Parmi ces 20 000 personnes, plusieurs ont été définitivement recrutées à l'hôpital, preuve que l'hôpital comme les volontaires se sont retrouvés dans ce mode de recrutement inhabituel... et que la porte ouverte a fait entrer les bonnes personnes, au bon endroit. Alors, la conviction qu'Aude partage dans ce TEDx et que nous partageons chez Lowpital, c'est que les citoyens ont non seulement la capacité, mais aussi le droit de s'emparer des sujets d'intérêt général.


Vous souhaitez sensibiliser vos équipes sur un temps court ? Une conférence ou un séminaire Lowpital, c'est une bonne dose de convictions illustrées par des exemples très concrets pour vous inspirer et vous donner envie de transformer notre système de santé !

17 novembre 2022