Importer le modèle Buurtzorg en France.
Guillaume Alsac a fondé Soignons Humain, une association inspirée du modèle Buurtzorg né aux Pays-Bas : une véritable révolution qui y a transformé les soins de proximité. Le but : rassembler des professionnels de santé dans une communauté de travail libre et inspirante.
Une reconversion tardive : l'entrepreneuriat social.
Ingénieur de formation, Guillaume a travaillé dans les télécoms, la presse ou encore la télévision. Mais c'est en 2015, "en pleine crise de la quarantaine", qu'il décide de se reconvertir dans l'entrepreneuriat social. Il se souvient alors dans le foyer où il avait passé en 2004 "la meilleure année de sa vie à tous points de vie" : une année sabbatique dans un foyer d'accueil de personnes en situation de handicap. Seulement, lorsqu'il décide d'y retourner plusieurs années après, ils n'ont pas d'emploi à lui proposer.C'est à ce moment que Guillaume découvrir le livre de Frédéric Laloux, Reinventing Organizations, et que s'opère un déclic. Lui qui se définissait comme un "inadapté au monde du travail", il se rend compte qu'il n'est pas seul à ressentir cette dissonance cognitive. Il se met donc en quête d'une "entreprise libérée" proche de chez lui, décidé à créer une telle structure s'il n'en trouve pas autour de lui. Au terme d'un long cheminement à la recherche d'un engagement qui ait du sens pour lui, Guillaume découvre l'existence du modèle Buurtzorg.
Un modèle néerlandais inspirant : Buurtzorg.
Buurtzorg a été créé en 2007 aux Pays-Bas par un infirmier passionné de l'organisation des soins : Jos de Blok. Soignant engagé, il a d'abord créé un système de santé des soins primaires en Ukraine, qu'il a ensuite souhaité importer aux Pays-Bas pour continuer à l'expérimenter.
En effet, selon Jos de Blok, les infirmiers sont des professionnels qui aiment et connaissent leur métier, mais qui peuvent rarement l'exercer comme ils le souhaiteraient. Il a donc réfléchi à une organisation permettant aux infirmiers d'être plus libres dans leur pratique et de retrouver du sens dans le soin.
D'après Jos de Blok, la cohésion au sein d'une équipe soignante permet de trouver des solutions et des outils performants pour gagner du temps et rendre les patients plus indépendants. Il part donc de cette conviction pour créer une organisation de soins infirmiers à domicile.
Il démarre en 2007 entouré de 4 professionnels. Aujourd'hui, ils sont plus de 15 000, présents dans une vingtaine de pays dans le monde, toujours avec ce principe d'autonomie et d'approche globale avec la personne. L'autre spécificité de ce modèle est son organisation horizontale : les équipes ont la main sur les décisions de leur organisation, sans management intermédiaire.
Source : Soignons Humain
Lorsque Guillaume découvre ce modèle, il part trois jours aux Pays-Bas en immersion avec l'une des équipes. Il décrit une connexion authentique et puissante entre les personnes de l'équipe : ce niveau de qualité des relations humaines lui a rappelé son bénévolat dans des aspects humains qu'il pensait ne jamais retrouver en d'autres occasions. À son retour en France, il propose à des infirmiers de partir à leur tour en immersion, et leur décision est unanime : ile souhaitent adopter ce modèle et lancer une expérimentation en France.
Soignons Humains et l'Article 51.
Guillaume co-crée alors l'association Soignons Humains, qui a pour objectif de faire découvrir de nouvelles formes d'organisations dans les secteurs de l'aide et du soin. Ces organisations apportent à la fois aux patients, aux professionnels de santé et au système de santé :
- Pour lui, plus les professionnels de santé sont compétents, plus les patients sont autonomes dans la gestion de leur santé.
- De ce fait, il y a besoin de moins de soins, ce qui représente un réel bénéfice économique à l'échelle d'un pays.
L'intérêt est donc triple.
Aujourd'hui, Soignons Humain, c'est une équipe de formateurs qui accompagne une trentaine de cabinets infirmiers en Ile-de-France, en Occitanie et dans les Hauts-de-France, ce qui représente environ 120 infirmiers. Cette expérimentation, portée par l'Article 51, est financée par l'Union Européenne, le Ministère des Solidarités et de la Santé et l'Assurance Maladie.